Traduction

vendredi 20 novembre 2020

Le Jean

Bientôt dix ans que sa voix ne résonne plus autrement que sur des bandes son....et pourtant !
 
Te voilà parti.
Une partie de ma vie, hier, a déserté.
Ta jeunesse éternelle,
Ton amour de la vie,
Ton humanisme,
Ton combat
Toujours juste,
Ta gouaille Ta poésie
Ta confiance
Explosent aux yeux du monde.
 
Tu es parti.
Tes mots d’amour, ta rage,
Ton élan magnifique
Ta  furieuse tendresse
M’habitent soudain par milliers.
Mon corps est trop petit.
Tu es parti. 
 
Toi le frondeur amoureux
Le charmeur étonné
Chaleureux, malicieux
Complice des oiseaux
De « La montagne »
Du « châtaigner » de ton grenier,
Tu as peint « Les saisons » 
Sans jamais te lasser… 
 
Tu t’élançais dans la bataille
« Moitié blé moitié chardon »
Le regard en biseau
L’amour en calicot… 
 
Hélas,
Aux côtés du Léo
Du Georges et puis du Jacques
Sans crier gare
Hier soudain
Tu es parti. 
 
L'émoi de toi m’a embrassé d'un coup
Violent, étonnamment violent.
Intensité de ta présence nue
Si proche si vive
Ardente à en pleurer... 
Je ne te pensais pas si intime, le Jean… 
 
Aujourd’hui
Tu me pèses lourd,
Collé au creux de ma poitrine.  
 
Te voilà là
 À me conter ton « Cœur fragile »,
Ton « Potemkine »,
Ta fureur au goût frais
Contre le sort de « L’âne »
Ton superbe portrait 
Ton « Je ne suis qu'un cri »...  
 
« Viens mon frelot », tu me confonds
Ton « hospitalité » m’habite,
Elle me cingle la face
Et ce matin plus que jamais
« La porte à droite »
Grande ouverte aujourd’hui
Contre la liberté
Que jamais
Tu n’as cessé d’exhausser
Sans « Concessions »,
M’apparait difficile
A refermer.    
 
« Paris 2000 » ou  « la cavale »,
« La voie lactée »,
« Nuit et brouillard », 
« Petit »,
Et j’en oublie… 
 
Bon sang !
Ta poésie colle au présent
Mieux que tous les discours
Mensongers
Mieux que tous les regrets
Ehontés  ou édulcorés
Surtout bien médiatisés
Bon sang !
Qu’ils te fichent donc la paix ! 
 
L'actualité file à rebours
« Sainte canaille »
« Hou Hou méfions nous »
Tu as raison, « Les flics sont partout »… 
 
Ce printemps-ci  a trop tardé, hélas,
Tu n’ouvriras pas ses fleurs de ta voix
Pour « des lendemains qui chantent »
Mais les parfums de tes chansons
Toi le subversif insoumis,
Raisonneront, s’envoleront,
Iront titiller les consciences
Les « états d’âmes », « Camarade » …
Depuis ta nuit des temps
« Le Kilimandjaro », heureusement,
Pointe toujours à l’horizon des hommes… 
 
Toi qui dors désormais
 « À l’ombre bleue du figuier »
Tu resteras le guide familier
Celui qui m’indique souvent
« L’adresse du bonheur »
Quand je perds ma  petite voi. 
 
Ce matin,
Je t’entends doucement
Entre « Les lilas » et « Les cerisiers »
Balancés au vent printanier
Murmurer d’un sourire nostalgique
 « Raconte-moi la mer »…
 


jeudi 25 juin 2020

Canicule

La fraîcheur absente annonce 
délicatement 
son retour prochain.

L'immobilité s'estompe, 
imperceptiblement. 

Les trémières tremblent, 
de loin en loin... 

Un souffle d'ombre furtif 
anime les plus larges feuilles...

Apparaît soudain l'esquisse de quelque crique étale 
à l'aube de marées insolites ... 

Mirage...

Cependant,
L'image demeure,
intacte,

Et féconde.

samedi 2 mai 2020

Innover

 
L'histoire jusqu’à présent a suivi ce schéma :
Répression/Révolution.
Je me borne à ces deux mots, pour faire court.
Oui. 
Dualité.
Terrible et perpétuelle dualité, à ce qu'il paraît.
 
Je dis « Non ! »

Pour les crapules, certes, il y a là, depuis toujours, double victoire :
Celle du sang
Et celle de la production des armes utiles à le verser.

Celle de l'extermination des réfractaires à leur esclavage
Et celle de l'enrichissement par la production des outils utiles à cette extermination.

Coup double!
Est-ce fatalement fatal ?
Je dis encore : « Non ! »

Comment ne pas voir qu'ils provoquent
Dialectiquement
Leurs guerres
ET
Nos comportements si réactifs, si lucratifs... !

Peut-être faudrait-il innover?
Casser le fil des reproductions stériles de notre histoire
Inhumaine
Juste pour cesser d'être,
À notre corps défendant certes,
Mais quand même d'être,
À la fois,
Victimes et bourreaux.
Complices.
Les uns contre les autres
Complices.

Innover !
Cesser de devancer « leur » désir de nous anéantir.
Cesser de se laisser entraîner jusqu'à l'acte de (se) tuer.
Acte fatal
immédiatement précédé d'une pensée ignoble,
aberrante:

La nécessité vitale de sacrifier la vie

N’y a-t-il pas plus grand non-sens ?

Se sacrifier.
Encore une invention des églises.
Sacrifier … Sanctifier.
Amen.
Assassiner, ça rime aussi pareil, pas vrai ?

Les mo se ressemblent fatalement
Au ventre des peurs
Supervisées…

Ce sont là mo-serpents
Vicieusement subtilisés aux sirènes
Mo-sifflets insensés
Mo arrimés aux démentes extrémités
D’exister.

Il est temps d'être nombreux à chercher d'autres VOI
D'autres VOI que ce cercle vicieux
Pérennisé dans nos petites cervelles formatées
ad vitam (!) aeternam
Il est temps de briser l'anneau
Menteur
Ce système pourri
Auto-génocidaire :
L'exploita-extinc-scion
De l'homme par l'homme !

Ah ! La "violence défensive" !
Parlons-en !
Définition :
« Acte de violence contre soi-même et autrui,
à l'opposé exact de l'idéal de vie qu'on revendique. »

Vous avez dit Oxymore ?

Et le Monde de trouver juste et beau de voir l'homme devenir,
à force d'injustices et de souffrances,
Victime et bourreaux
Un vrai Con Scient....

La preuve ?
Son comportement, vieux comme le monde :
(se) sacrifier ... « pour le bien de tous ». 

Explosions de colère,
Impuissance,
Frustration,
Lancées à la face de
... de qui?
Évidemment, de nos semblables :
De nos compagnons d'infortune.

D'infortune.

Même le sens des mots est coulé dans LE moule
Le moule du « penser comme « ils » veulent que l'on pense. »
Depuis si longtemps.

Avec du fric à la place du cœur.

Oui, il est temps de se mélanger
Les idées
De se les frotter
à l'Unanimité
D'innover bigarré
Pour le créer, nouveau, ce Monde !


J'ai écrit ce texte le mardi 6 mars 2012... 
 Terriblement d'actualité, n'est-ce pas?



vendredi 27 mars 2020

Viralge



Constat.

Villes désertes, 
Paysages de fin du monde
Dignes d'un bon roman de SF...
On y est.
On y est? Mais où?
Toujours au même endroit : sur Terre!
Au même endroit, 
Nulle part ailleurs 
Ni en un autre temps...
Aucun voyage intersidéral ou spatio-temporel n'a eu lieu!
Et pourtant...
Tout, 
TOUT se modifie, 
De plus en plus vite 
Alentours... 
Alentours et inside ...
En dedans, oui. 
A l'intérieur de chacun de nous.
Et cela ne date pas d'hier....

Singulier pluriel.

Me revient en mémoire l'histoire du 100ème singe... 
Le passage du singulier au pluriel.
De l'individuel au collectif....
Il s'agit bien d'une question de nombre....
A partir de combien d'individus un savoir appris devient-il un acquis de tous? 
Combien doivent se l'approprier 
Avant qu'il ne soit plus nécessaire aux anciens de l'enseigner aux jeunes 
Pour que ceux-ci le sachent d'instinct...?
A quel moment ce savoir devient-il héritage commun,... ?
S'agit-il de quelque chose de l'ordre de la mémoire collective? 
D'une fabrication (sociale?) de l'inné?
Autrement dit, quelle frontière 
(neurophysiologique?) 
Une connaissance doit-elle franchir pour s'inscrire dans l'ADN d'une espèce?

Présent.

Est-il là, maintenant,
Le vivons-nous
Aujourd'hui même
Ce moment de métamorphose
Que j'imagine né de la puissante influence du Nombre,
D'un nombre suffisamment grand d'individus 
Pour que les consciences individuelles ouvrent la porte à l'inconscient collectif?
Cet instant formidable
De l'évolution
Où l'intérêt individuel apprend et comprend, 
Intègre 
L'idée qu'il dépend intrinsèquement de l'intérêt collectif?

Ensemble.

Aujourd'hui, en sommes-nous là?
Parce que, dites-moi, 
Que se passe-t-il, cette fois-ci, qui n'a pas eu lieu lors des pandémies précédentes?
Le comportement humain a changé. 
En globalité. 
Soudainement. 
Tout le monde en même temps. 
Toute notre espèce 
- ou au moins l'immense majorité de ses individus - 
A cessé de se la jouer "individuel" 
Pour obéir à une injonction collective.
Une injonction ressentie au plus profond 
Comme venant de plus loin que l'ordre donné
Par nos gouvernements respectifs.
De plus loin que de notre organisation 
– si destructrice, elle – 
Sociétale.
Une injonction à laquelle se soumettre 
Répond 
Au désir impérieux de survivre,
A la seule nécessité de survivre, 
Intimement liée à l'idée que cela ne pourra être 
Qu'ensembles.
Tous ensembles
Tout ensemble 
(ouais, ouais !)

Mouvement.

L'Homme, d'un coup, bascule. 
Devient autre. 
Vit différemment.
Il réalise individuellement 
Ce qu'il réalise collectivement...
Réalise. 
Dans tous les sens du terme !

Pourquoi? 
Pourquoi maintenant?
Le comprendre passe peut-être par la compréhension 
(com-préhension : préhension commune) 
De l'impact de ce revirement social collectif.

Il suffit de lever un peu les yeux 
Pour voir à quel point le changement est
Gigantesque...

Bouleversant.

En quelques semaines, 
La nature a repris 
Quelques-uns 
De ses droits.
Et pas des moindres.
L'air, l'eau, les animaux, les végétaux.... 
Il me semble n'avoir jamais connu un ciel si pur, 
Des eaux courantes si claires, 
Ou alors il y a bien longtemps, 
Lorsque j'allais me baigner dans de petites criques sauvages, 
De l'autre côté de la méditerranée...

Nous avons cessé 
En si peu de temps 
D'assassiner tant de domaines nécessaires à la vie!
Bateaux, avions, voitures, métro-boulot-dodo.... 
Stoppés net, 
Dans leur immense majorité.
Entreprises 
"non essentielles à la vie" 
Arrêtées ou reconverties....
Pollution divisée par combien, d'un coup d'un seul?
Consommation 
Réduite aux achats de "première nécessité", 
Et dans un périmètre localisé.
Alors on s'arrête de courir, 
On regarde, 
On écoute, 
On découvre...
Nous vivons ensemble plus que jamais, 
Malgré le 
– ou grâce au – 
Confinement...

Commun, commune.

Ce confinement, nous sépare-t-il vraiment?
Physiquement, oui, 
Pourtant, 
Curieusement, 
Il rapproche.
Il lie chacun au grand nombre.
Vraiment.
Il nous rassemble
Par un faire semblable.
Par l'espoir qui s'y dévoile.
Par ce projet en débat
Et en actes
D'un monde différent.
Un monde vivable 
(en urgence!) 
Un monde
Meilleur.

Choix.

Ce qui a déjà changé devient palpable.
La mise en commun 
De l'intérêt général 
Ne se contente plus d'être une idée confuse 
Ou plaisante.
Elle s'appuie sur le constat d'une réalité transfigurée.
D'un Monde entier 
En volonté de métamorphose.
Soudain
Chacun comprend 
Le concret de sa propre influence 
Sur la vie de tous.
Chacun réalise 
La réalité commune.
Chacun agit 
Et concomitamment
Sait que ses choix sont acteurs 
Bâtisseurs 
De ce qui se passe partout.
Chacun agit dans le même sens
(dans toutes les significations du mot!)
Que l'ensemble des autres.
Visiblement,
Que le plus grand nombre réalise cela 
(dans tous les sens du terme réaliser, j'insiste) 
Influence déjà, 
En ce moment même, 
Durablement 
Le mouvement des peuples du monde entier...

Normalité.

Observation, échanges, rythme, réflexion, innovation, système D, partage, temps choisi, 
Repos, 
Même forcé, 
Vie de famille, 
Même confinée....
Une autre normalité
En marche  (!)
En fait, 
La normalité n'est que celle que nous décidons qu'elle soit....
Et elle est,
Cette prise de décision,
Nécessairement collective!
La preuve....?
Ce que nous vivons, 
Volontairement et non.
CQFD.

Alors créons !

Avec et dans le monde entier,
En harmonie avec tout ce qui vit,
Créons  nos avenirs
Notre Avenir
En liberté 
Plurielle.




vendredi 28 février 2020

Impatience hivernale


Il pleuviote...

Le traditionnel crachin normand,
Surplombé de grisaille,
Recouvre mon paysage, pourtant déjà bien limité...

Je devine l'humidité pénétrante...

Entre deux bourrasques,
Alourdi,
Le lent balancement
Des feuillages transis
Recouvre mes épaules ...

Atmosphère, atmosphère !
Flux invisible de lumière
Dont l'épaisseur,
Imperceptiblement teintée de rouille,
Révèle
Exhausse
Un nombre incroyable de verts
Agglutinés juste là,
Dehors,
En un si petit jardin ...

Mais la mer...
La mer contient l'Arc du ciel,
Pertinemment ....

Chaque jour de chaque saison
L'onde vivante
Enfante des nuances,
Ajuste l'intense
Réinvente la transparence...

Chaque jour de chaque saison,
À l'image de tous les Temps
L'horizon se colore
S'avance, 
Nous comprend
Et livre chaque fois
Éphémère,
Un infini ...
Unique.
.
Désir d'en être!
Sentir ma peau, ma rétine,
Assaillies, submergées,
Devenir 
Intrinsèquement
Sensations marines!

Me fondre au fil des vents,
Sous le sel des embruns velours
Ou menaces...

Absorber l'iode vivifiante,
M'ensabler,
M'enivrer
Sous l'emprise magique d'horizons inconnus
Tumultueux
Ou si artistement huilés....

Voler à dos de sternes
Rire clair à l'unisson des mouettes
M'émouvoir du cormoran si fier
Statufié sur son piquet de bois
Les ailes déployées
Le corps entier tendu
Transpercé 
Par le souffle puissant
Bienfaisant
Du vent marin...

Patience....
L'hiver demeure. 


mardi 11 février 2020

Je rêve encore


Je marche.
Je bois le vent marin
J'absorbe ses embruns tonitruants...
Son chant généreux me capture,
Ses gifles pointues goûtent ma peau enthousiaste.
Qui osera dire que la mer n'offre rien?

La mer est l'arbre
Premier.
Brise-lame, brise-vent
Refuge sûr
Profondément ...
La mer est l'arbre
La vie...

J'ai longtemps rêvé
Je rêve encore...

Une maison bateau posée au flanc de l'Océan,
Une maison cabane, drageon joyeux de Brocéliande ...
Un nid ouvert
Entre sable blanc et terre noire,
Un abri phare
Entre humus et fougères ,
Algues et lianes
Écorces d'iodes....

J'ai longtemps rêvé
Je rêve encore...

Je vis dans un château diamant de sel
Un vaisseau embrassé de vents furieux
Mais délicats...

La nuit,
La lune s'élance,
Tire la canopée jusqu'au lit plat de l'horizon
Puis disparaît ...

Alors l'horizon,
Ce danseur immobile,
Séducteur des lumières sidérales
Illumine en secret les abysses...

Le jour point.