Bientôt dix ans que sa voix ne résonne plus autrement que sur des bandes son....et pourtant !
Te voilà parti.
Une partie de ma vie, hier, a
déserté.
Ta jeunesse éternelle,
Ton amour de la vie,
Ton humanisme,
Ton combat
Toujours juste,
Ta gouaille Ta poésie
Ta confiance
Explosent aux yeux du monde.
Tu es parti.
Tes mots d’amour, ta rage,
Ton élan magnifique
Ta furieuse tendresse
M’habitent soudain par
milliers.
Mon corps est trop petit.
Tu es parti.
Toi le frondeur amoureux
Le charmeur étonné
Chaleureux, malicieux
Complice des oiseaux
De « La montagne »
Du « châtaigner » de
ton grenier,
Tu as peint « Les
saisons »
Sans jamais te lasser…
Tu t’élançais dans la bataille
« Moitié blé moitié
chardon »
Le regard en biseau
L’amour en calicot…
Hélas,
Aux côtés du Léo
Du Georges et puis du Jacques
Sans crier gare
Hier soudain
Tu es parti.
L'émoi de toi m’a embrassé
d'un coup
Violent, étonnamment violent.
Intensité de ta présence nue
Si proche si vive
Ardente à en pleurer...
Je ne te pensais pas si
intime, le Jean…
Aujourd’hui
Tu me pèses lourd,
Collé au creux de ma poitrine.
Te voilà là
À me conter ton « Cœur fragile »,
Ton « Potemkine »,
Ta fureur au goût frais
Contre le sort de
« L’âne »
Ton superbe portrait
Ton « Je ne suis qu'un
cri »...
« Viens mon frelot »,
tu me confonds
Ton « hospitalité »
m’habite,
Elle me cingle la face
Et ce matin plus que jamais
« La porte à droite »
Grande ouverte aujourd’hui
Contre la liberté
Que jamais
Tu n’as cessé d’exhausser
Sans
« Concessions »,
M’apparait difficile
A refermer.
« Paris 2000 »
ou « la cavale »,
« La voie lactée »,
« Nuit et
brouillard »,
« Petit »,
Et j’en oublie…
Bon sang !
Ta poésie colle au
présent
Mieux que tous les discours
Mieux que tous les regrets
Ehontés ou édulcorés
Surtout bien médiatisés
Bon sang !
Qu’ils te fichent donc la
paix !
L'actualité file à rebours
« Sainte canaille »
« Hou Hou méfions
nous »
Tu as raison, « Les flics
sont partout »…
Ce printemps-ci a trop tardé, hélas,
Tu n’ouvriras pas ses fleurs
de ta voix
Pour « des lendemains qui
chantent »
Mais les parfums de tes
chansons
Toi le subversif insoumis,
Raisonneront, s’envoleront,
Iront titiller les consciences
Les « états
d’âmes », « Camarade » …
Depuis ta nuit des temps
« Le Kilimandjaro »,
heureusement,
Pointe toujours à l’horizon
des hommes…
Toi qui dors désormais
« À l’ombre bleue du figuier »
Tu resteras le guide familier
Celui qui m’indique souvent
« L’adresse du
bonheur »
Quand je perds ma petite voi.
Ce matin,
Je t’entends doucement
Entre « Les lilas »
et « Les cerisiers »
Balancés au vent printanier
Murmurer d’un sourire
nostalgique
« Raconte-moi la mer »…