Traduction

vendredi 6 mars 2015

Cause Animale



Juste là,
Devant ma fenêtre,
Frôlant de leur gorge tendre
L’ondulation gracieuse des herbes folles,
Deux jeunes hirondelles se poursuivent
Joyeusement
Dans la lumière blanche.
Elles sont si vives !
Les chiens et mon vieux matou ne représentent vraiment plus aucune menace !

Menace, danger... 


Brusquement,
Au détour de ce vol innocent
S'impose à ma mémoire la « commande poétique » d'un jeune homme militant :
Il veut un court poème,
Un « J'accuse ! »,
Un texte fort, sur un sujet pointu. 


Menace, Danger. Oiseaux dans le soleil d'été. 


Je dois écrire tout cru
Un pamphlet défenseur de la cause animale,
Pointant précisément les produits cosmétiques,
Bourreaux et meurtriers... 


Chacun le sait déjà :
L'homme, ce prédateur redoutable entre tous,
Ne se contente pas de tuer.
Il torture aussi.

Tu voudrais un poème, un poème pour dire ça? 


Alors dis-moi avec quoi,
À quoi,
Rime la barbarie d'expériences in vivo,
Dans ces laboratoires à cosmétiques dits
« Sans danger pour la santé » ?
La santé de qui ? La nôtre ?
Même pas sûr ! 


Aussi, dis-moi comment
Versifier
L’inutilité ajoutée à l'horreur ?
La peau humaine brûle-t-elle exactement
Comme celle de ces centaines de souris
Écartelées,
Dont petit ventre rose ou noir
Rasé,
Bien pommadé,
Reste exposé aux rayons ultraviolets
Jusqu’à l'apparition des brûlures mortelles ?
Même pas!

Un poème ! ... Il veut un poème !
Allons ! Du courage !
Continue l'exploration des salons de l'inhumanité banalisée !
Laisse derrière toi
La mièvrerie
Si coutumière à ceux qui prétendent
« Aimer les bêtes » « plus que les humains ». 


Essaie, rien qu'un instant,
D’imaginer ce qu'elles subissent,
Ces bestioles de tous poils,
Par millions chaque année,
Sous la cruauté des bistouris,
Rayons X, ultraviolets, lasers, médicaments, produits chimiques,
Le tout à doses massives, 
Tout au long de leur vie en cage,
Sans jamais voir la lumière du jour... 


N'est-il pas barbare, cruel, sadique,
Ce petit laborantin anonyme et bien propre sur lui ? 


Cela ressemble tant
À ce que les hommes infligent aux hommes
Dans les périodes les plus sombres de l'histoire de l'humanité !
Le rapprochement crève les yeux !
Comment ne pas voir çà une fois la conscience éveillée ?
Comment le « poétiser » ? 


Chut....
Café, jardin, soleil brûlant, mais pas trop...
Respire un bon coup.
Freine, ne te lance trop vite.
Le poème doit mûrir, se réfléchir, demeurer disciple.
Il ne doit surtout pas devenir
Ce qui me brûle les doigts, là, maintenant :
Gonflé de la violence de l'horreur,
Balafré de mots couperets, grossiers, indicibles. 


Déchirer pour l'ôter,
Ce voile obscur muselant les consciences,
Réclame tempérance, considération, accord...
Rien ne sert de les accuser,
Ces personnes si désireuses de plaire,
De se plaire,
De se « faire du bien »...
C'est légitime, non ?

Elles ne sont coupables que d'ignorance.... 


Ce serait maladroit, n'est-ce pas,
De lancer comme une tarte à la crème,
À la face de ceux qui se la barbouillent tous les jours,
Des évidences trop dérangeantes
À propos de ces produits qui sentent si bon,
De ces crèmes si « bénéfiques » aux apparences ? 


Ce serait une erreur d'ouvrir d'un coup leurs narines
Sur l'odeur cachée
Des cosmétiques testés
Sur les animaux :
L’odeur nauséabonde
Du charnier créé en amont de la fabrication industrielle
Prend si fort à la gorge... 


Pourtant oui, c'est la guerre, non de non ! 


Je n'écrirai pas de poème pour prouver que
Cesser d'être de bons petits moutons consommateurs
Au service du profit de ces psychopathes avides de pouvoir et d'argent qui dirigent le monde en le pillant, en le tuant,
C’est possible et c’est vital.

Je n'écrirai pas de poème pour prouver que
Des solutions alternatives
Existent.
Ce que je viens de dire suffira, je crois. 



PS : un vieil album pour enfants, très éloquent sur ce sujet, à lire absolument :
La reine des baleines….
5 mars 2009

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