Juste là,
Devant ma
fenêtre,
Frôlant de
leur gorge tendre
L’ondulation
gracieuse des herbes folles,
Deux jeunes
hirondelles se poursuivent
Joyeusement
Dans la
lumière blanche.
Elles sont
si vives !
Les chiens
et mon vieux matou ne représentent vraiment plus aucune menace !
Menace,
danger...
Brusquement,
Au détour de
ce vol innocent
S'impose à
ma mémoire la « commande poétique » d'un jeune homme militant :
Il veut un
court poème,
Un
« J'accuse ! »,
Un texte
fort, sur un sujet pointu.
Menace,
Danger. Oiseaux dans le soleil d'été.
Je dois
écrire tout cru
Un pamphlet
défenseur de la cause animale,
Pointant
précisément les produits cosmétiques,
Bourreaux et
meurtriers...
Chacun le
sait déjà :
L'homme, ce
prédateur redoutable entre tous,
Ne se
contente pas de tuer.
Il torture
aussi.
Tu voudrais
un poème, un poème pour dire ça?
Alors
dis-moi avec quoi,
À quoi,
Rime la barbarie d'expériences in
vivo,
Dans ces
laboratoires à cosmétiques dits
« Sans
danger pour la santé » ?
La santé de
qui ? La nôtre ?
Même pas
sûr !
Aussi,
dis-moi comment
Versifier
L’inutilité
ajoutée à l'horreur ?
La peau
humaine brûle-t-elle exactement
Comme celle
de ces centaines de souris
Écartelées,
Dont petit
ventre rose ou noir
Rasé,
Bien
pommadé,
Reste exposé
aux rayons ultraviolets
Jusqu’à
l'apparition des brûlures mortelles ?
Même pas!
Un
poème ! ... Il veut un poème !
Allons !
Du courage !
Continue
l'exploration des salons de l'inhumanité banalisée !
Laisse
derrière toi
La mièvrerie
Si
coutumière à ceux qui prétendent
« Aimer
les bêtes » « plus que les humains ».
Essaie, rien
qu'un instant,
D’imaginer
ce qu'elles subissent,
Ces
bestioles de tous poils,
Par millions
chaque année,
Sous la
cruauté des bistouris,
Rayons X,
ultraviolets, lasers, médicaments, produits chimiques,
Le tout à
doses massives,
Tout au long
de leur vie en cage,
Sans jamais
voir la lumière du jour...
N'est-il pas
barbare, cruel, sadique,
Ce petit
laborantin anonyme et bien propre sur lui ?
Cela
ressemble tant
À ce que les
hommes infligent aux hommes
Dans les
périodes les plus sombres de l'histoire de l'humanité !
Le
rapprochement crève les yeux !
Comment ne
pas voir çà une fois la conscience éveillée ?
Comment le
« poétiser » ?
Chut....
Café,
jardin, soleil brûlant, mais pas trop...
Respire un
bon coup.
Freine, ne
te lance trop vite.
Le poème
doit mûrir, se réfléchir, demeurer disciple.
Il ne doit
surtout pas devenir
Ce qui me
brûle les doigts, là, maintenant :
Gonflé de la
violence de l'horreur,
Balafré de
mots couperets, grossiers, indicibles.
Déchirer
pour l'ôter,
Ce voile
obscur muselant les consciences,
Réclame
tempérance, considération, accord...
Rien ne sert
de les accuser,
Ces
personnes si désireuses de plaire,
De se
plaire,
De se
« faire du bien »...
C'est
légitime, non ?
Elles ne
sont coupables que d'ignorance....
Ce serait
maladroit, n'est-ce pas,
De lancer
comme une tarte à la crème,
À la face de
ceux qui se la barbouillent tous les jours,
Des
évidences trop dérangeantes
À propos de
ces produits qui sentent si bon,
De ces
crèmes si « bénéfiques » aux apparences ?
Ce serait
une erreur d'ouvrir d'un coup leurs narines
Sur l'odeur
cachée
Des
cosmétiques testés
Sur les
animaux :
L’odeur
nauséabonde
Du charnier
créé en amont de la fabrication industrielle
Prend si
fort à la gorge...
Pourtant
oui, c'est la guerre, non de non !
Je n'écrirai
pas de poème pour prouver que
Cesser
d'être de bons petits moutons consommateurs
Au service
du profit de ces psychopathes avides de pouvoir et d'argent qui dirigent le
monde en le pillant, en le tuant,
C’est
possible et c’est vital.
Je n'écrirai
pas de poème pour prouver que
Des
solutions alternatives
Existent.
Ce que je
viens de dire suffira, je crois.
PS : un vieil album pour enfants, très éloquent sur ce sujet, à lire absolument :
La reine des
baleines….
5 mars 2009
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